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L’inter-saison est en général la période des championnats internationaux, du Monde et d’Europe pour ce qui nous intéresse, sans parler de ceux des autres continents (Amérique du Sud, Afrique, Asie-Océanie, à ma connaissance). Pour être franc, il y en a beaucoup pour ne pas dire trop et on peut en distinguer de 2 sortes, les authentiques et les contrefaçons.
C’est facile à comprendre, les vrais championnats ce sont ceux avec participation sur justificatifs: championnats d »Europe avec des équipes nationales, chaque fédération sélectionnant sa meilleure équipe (Championnats d’Europe des années paires), les World Bridge Games (autrefois appelés Olympiades jusqu’à ce que le CIO s’émeuve de voir son appellation usurpée sans son consentement) les années bissextiles, ou mieux encore la Bermuda Bowl qui oppose les années impaires un nombre limité (qui au fil du temps est quand-même passé de 3 à 22) d’équipes nationales ayant obtenu leur qualification lors d’éliminatoires.
Les Championnats bidon, ce sont toutes ces épreuves auxquelles on a accordé ce titre ronflant et qui sont ouvertes sans restriction à quiconque veut bien s’inscrire et régler les frais d’inscription: Championnats d’Europe « Open » des années impaires, Rosemblum et compétitions annexes ajoutées en marge des vrais championnats, genre Transnational, Championnats du monde ou d’Europe par paires…
S’il en est ainsi, c’est surtout pour des raisons économiques. Les grandes compétitions, ça coûte des ronds et dans le bridge, les sources sont très limitées; billeterie: 0, les seules personnes intéressées sont les joueurs eux-mêmes et ce qui les motive c’est de jouer et non de regarder et surtout pas en payant; droits-télé: 0, si on imaginait de voir des compétitions de bridge à la télé ou sur quelque media, il faudrait payer plutôt qu’espérer en tirer des redevances; sponsoring: pas grand-chose, il y avait bien autrefois des marques de boissons alcoolisées ou de tabac mais les législations (comme la loi Evin en France) y ont mis un terme, ensuite quelques rares annonceurs concernés par le profil de la population des pratiquants, c’est à dire des bourgeois âgés, retraités et aisés, enfin quelques mécènes qui sont eux-mêmes des passionnés et qui investissent par générosité. Résultat, la principale source de financement, ce sont les contributions des joueurs eux-mêmes. Pour les fédérations mondiale, européenne etc. , il n’y a pas 36 solutions, leur seule source de revenus, ce sont les championnats qu’elles organisent et plus il y a de participants, plus ça rapporte. Sur le plan sportif, le plus compétitif, ce sont des épreuves où s’affrontent les tout meilleurs après avoir gagné le droit de participer lors d’éliminatoires. Résultat, on organise quelques championnats sélectifs mais avec un assez grand nombre de sélectionnés, quelques autres à participation illimitée; on agrémente le tout d’épreuves parallèles ou consolantes pour assaisonner et on distribue allégrement tout un tas de titres de champions du monde pour attirer le chaland et justifier des droits d’inscription particulièrement élevés. Pour réduire les frais, car il faut de grandes salles pour accueillir les foules attendues et du personnel pour les faire jouer, la stratégie consiste à négocier avec de grands complexes hôteliers disposant de vastes salles de réunion; le deal est le suivant: en échange de tarifs très réduits ou de la gratuité pour les salles de jeu et le logement du staff, on assure à l’hôtelier de remplir ses chambres à un tarif souvent plus élevé que ses tarifs habituels; pour cela, on incite les participants à réserver sur place en vantant le luxe des chambres et la proximité, en promettant des réductions en cas de réservation précoce et des tarifs d’inscription aux compétitions réduits aussi en cas de logement sur place et on interdit (sous peine de pénalités!) d’apporter à manger ou à boire dans les locaux. Le plus souvent, tout se passe bien, la participation est importante, il y a les pros qui sont financés par leurs employeurs et dont la notoriété sert d’appel d’air, les riches amateurs qui apprécient de pouvoir se distraire dans un environnement raffiné, et les passionnés qui cassent leur tirelire pour la beauté du sport. Parfois, il y a aussi des couacs comme en juin dernier à Montecatini (Championnats d’Europe Open, qui d’ailleurs sont ouverts à tous les continents, ce serait vraiment se tirer une balle dans le pied de limiter la participation!). Le cadre (la Toscane) était enchanteur mais un litige de dernière heure a conduit les organisateurs à rompre leur contrat avec l’hôtelier, et à se rabattre en catastrophe sur un chapiteau dressé sur un parking loin de la ville et loin de là où les participants avaient déjà loué leurs chambres et avec des conditions de confort (température, sanitaires, transport…) très rudimentaires, ce qui a entraîné une vague de protestations véhémentes. La prochaine fois, en août, c’est à Lyon, avec, n’en doutons pas, une organisation autrement performante.